Comment gérer la disparité des revenus dans un couple?

Comment gérer la disparité des revenus dans un couple?

Une saine planification financière peut être précieuse pour garder l’harmonie dans votre couple, surtout quand vos revenus diffèrent de beaucoup.

5 juin 2025

Vos situations financières respectives ne sont probablement pas le premier critère qui vous est venu à l’esprit lorsqu’un jour, vous avez décidé de partager votre vie avec une autre personne. Mais saviez-vous que, selon certaines études, les questions d’argent sont la première cause de discorde dans les couples?

Voici donc quelques éléments à considérer si vous souhaitez obtenir un sain mariage des sentiments et des finances dans votre propre ménage. 

Où en sommes-nous?

D’abord, un peu de contexte. Selon le dernier recensement de Statistique Canada, les couples dont l’un des conjoints gagne beaucoup plus que l’autre sont loin d’être une exception. Comme on peut le voir dans le graphique suivant, le revenu médian des conjoints qui gagnent le plus représente environ les deux tiers du revenu médian total des couples. 

Répartition des revenus dans les ménages canadiens

Selon toute vraisemblance, il est donc probable que vous et votre partenaire ayez des revenus différents. Cela pourrait vous amener à envisager des décisions non seulement pour la gestion du quotidien, mais aussi à plus long terme.

Le partage des dépenses

La première de ces décisions est celle du partage des dépenses communes : loyer ou hypothèque, emprunts, véhicule, éducation des enfants, épicerie, etc. À cet égard, il existe trois principales options.

  • Une contribution égale
    Dans celle-ci, chaque conjoint assume la moitié des dépenses du couple. Cela présente l’avantage de la simplicité, mais « égal » ne signifie peut-être pas « équitable ». Supposons par exemple que le premier conjoint a des revenus de 80 000 $ et le second, des revenus de 40 000 $, et que les charges communes du couple s’élèvent à 60 000 $ par année. Si chacun assume sa part de 50 %, soit 30 000 $, il restera 50 000 $ au premier pour ses propres dépenses et son épargne, mais seulement 10 000 $ au second. C’est pourquoi la contribution 50-50 est généralement recommandée, plutôt, pour les conjoints dont les revenus sont équivalents. 

  • Une contribution proportionnelle au revenu
    Cette option prévoit que chaque conjoint contribue aux dépenses communes selon sa capacité de payer. Pour reprendre notre exemple, le premier conjoint assumerait ici 2/3 des dépenses (soit la proportion de son salaire de 80 000 $ dans les revenus totaux de 120 000 $ du couple), pour un total de 40 000 $. Le second conjoint paierait 1/3, soit 20 000 $. Il restera toujours davantage d’argent au premier conjoint (40 000 $, contre 20 000 $), mais, à tout le moins, les contributions respectives seront plus équitables. En outre, une fois cette base de calcul établie, rien n’empêche le conjoint au revenu le plus élevé de contribuer davantage à certaines dépenses, par exemple les vacances familiales. 

  • Une contribution proportionnelle à l’usage
    Cette option peut être intéressante pour les couples dont l’utilisation des biens communs est différente. Par exemple, si l’un des conjoints exerce sa profession à partir du domicile, le couple pourrait tenir compte de cet usage dans ses calculs. Cette méthode peut cependant donner lieu à des estimations plus approximatives que les deux premières. 

Facteurs importants à considérer

  • Le compte conjoint 
    La façon la plus simple de gérer les dépenses communes sera généralement d’ouvrir un compte conjoint, tout en conservant des comptes individuels pour chaque personne. Le compte conjoint servira aux dépenses communes, et chaque personne conservera le contrôle sur ses propres dépenses à partir de son compte individuel. Et si l’un des conjoints assume une dépense pour le couple à partir d’une carte de crédit personnelle, par exemple, il pourra simplement se rembourser à partir du compte conjoint. 

  • Attention au type des dépenses 
    Le recours à un compte conjoint peut éviter des situations où l’un des conjoints assumerait un type de dépenses (par exemple, l’épicerie) et l’autre, un autre type de dépenses (par exemple, l’achat de mobilier ou d’ordinateurs). Si les dépenses de l’un servent à acquérir des biens tangibles mais pas celles de l’autre, des inégalités et des conflits pourraient surgir en cas de séparation. 

  • Considérer la fiscalité 
    Enfin, la loi de l’impôt permet généralement à des conjoints de regrouper certaines de leurs dépenses déductibles (par exemple, les dons de bienfaisance, les frais médicaux, les frais de garde). Dans certains cas, il sera avantageux d’attribuer la dépense au conjoint dont le revenu est le plus élevé. Dans d’autres cas, à celui dont les revenus sont le plus bas. En outre, des crédits d’impôt sont généralement disponibles pour les couples. Il est donc important d’obtenir de bons conseils au moment de produire votre déclaration de revenus.

Les enfants et le long terme

La naissance d’un enfant peut évidemment avoir une incidence importante sur les finances d’un couple. Il n’est pas rare que l’un des conjoints prenne alors un congé parental prolongé, ce qui entraîne généralement une baisse de revenu (que l’autre conjoint peut compenser en assumant une plus grande part des dépenses). Cependant, les conséquences à long terme pourraient être plus grandes : durant cette période, en effet, le conjoint en arrêt de travail pourrait être amené à moins épargner en vue de la retraite, voire à suspendre ses cotisations de retraite. Cela pourrait être très dommageable pour ses revenus de retraite. Une étude de la firme UBS a estimé qu’en raison de la baisse prolongée du revenu et de l’épargne, et en tenant compte des opportunités d’avancement perdues, une femme, par exemple, pourrait se retrouver avec 43 % moins d’épargne à l’âge de 85 ans.

Les régimes de retraite publics (régime de pensions du Canada, régime de rentes du Québec) sont conçus pour ne pas pénaliser la personne pour ces années de sous-cotisation. Cependant, il n’en va pas nécessairement de même pour les régimes privés et pour le régime enregistré d’épargne-retraite (REER). L’autre parent peut cependant atténuer ce problème. Il peut en effet cotiser à un REER au profit de son conjoint, ce qui est autorisé dans les limites de son plafond de cotisation. C’est lui qui obtiendra la déduction d’impôt, mais c’est son conjoint qui disposera des fonds à investir. Pour savoir comment mettre en place des cotisations à un REER de conjoint, consultez votre conseiller.

La sécurité financière

Enfin, il ne faut pas oublier que la santé financière d’un ménage repose sur sa capacité à maintenir ses revenus dans le temps. Advenant que l’un des conjoints, même celui dont les revenus sont les plus bas, ne soit plus en mesure de travailler pour des raisons de santé, c’est tout le niveau de vie du couple et de ses enfants, le cas échéant, qui pourrait être affecté. Ses projets pourraient être remis en question, y compris la planification de la retraite. Et bien sûr, dans l’éventualité d’un décès, la situation pourrait être encore plus délicate. C’est pourquoi une approche de sécurité financière qui fera appel à des solutions d’assurance invalidité, d’assurance maladies graves et d’assurance vie pourrait être appropriée.

Sur cette question comme sur l’ensemble de la planification conjointe de vos finances personnelles, votre conseiller peut vous procurer un éclairage essentiel. N’hésitez pas à y avoir recours.

Les sources suivantes ont été utilisées dans la rédaction de cet article.

Agence de la consommation en matière financière du Canada, « Gérer votre argent en couple ».

Autorité des marchés financiers, « Assurance vie » ; « Assurance maladies redoutées (graves ou critiques) » ; « L’assurance invalidité (assurance salaire) ».

Gouvernement du Canada, « Cotiser à un REER au profit de l'époux ou conjoint de fait ». 

Her Money, « How should couples split finances? The complete breakdown ».

HyperJar, « How to Split Bills as a Couple (Updated 2025) ».

Kansas State University, « Researcher finds correlation between financial arguments, decreased relationship satisfaction ».

Modern Money, « How to Split Expenses Between Couples ». 

Parlons argent, « Quelles sont les répercussions d’un congé parental sur les prestations de retraite du Régime de pensions du Canada et du Régime de rentes du Québec?  

Raymond Chabot, « Comment bien gérer son argent en couple? »

Statistique Canada, « Répartition du revenu entre les conjoints mariés ou les partenaires en union libre selon les caractéristiques des couples, y compris le statut de diversité de genre de la famille comptant un couple : Canada ».

TCFC, « How Should Unmarried Couples Share Finances: 3 Ways + Tips ». 

Timely Bills, « Fair Ways to Split Finances with Your Partner ».

UBS, « How can women best protect and grow their wealth? ».