Sept critères

Sept critères à considérer pour optimiser vos décaissements à la retraite

Une bonne planification des retraits peut se traduire par des revenus de retraite plus élevés.

24 septembre 2025

Si vous approchez de la retraite, vous avez probablement une idée du capital dont vous disposerez au jour J. Mais saviez-vous que la façon dont vous décaisserez cette épargne pourrait avoir une incidence sur votre niveau de vie et vos projets?

Voici sept critères à considérer pour mettre en place une stratégie optimale.

1. Vos besoins

En théorie, on aimerait disposer de revenus stables et prévisibles jusqu’au dernier jour de sa vie. En pratique, vous pourriez vouloir financer certains projets tôt dans votre retraite, pendant que votre santé vous le permet. Votre objectif ne sera pas, alors, d’obtenir des revenus stables, mais des revenus modulés dans le temps et suffisants à chaque étape. Cela pourrait demander une planification plus fine qu’une projection linéaire de vos retraits.

Ce qui nous amène au deuxième critère.

2. Les montants

Une théorie veut que, si vous retirez 4 % de votre capital par année, ajusté à l’inflation, un portefeuille équilibré vous procurera suffisamment d’épargne pendant 30 ans, soit la durée estimée d’une retraite. Cette règle fournit un point de repère, mais elle ne fait pas l’unanimité, notamment pour deux raisons. La première est que les besoins peuvent varier dans le temps, comme évoqué au point 1. La seconde est le risque lié à la séquence des rendements. 

Imaginons que vous disposez de 100 000 $, retirez 10 000 $ par année, et que votre rendement est de 5 % par année pendant quatre ans, puis de moins 5 % la cinquième année. Supposons maintenant que cette année négative est la première de la séquence. Surprise : il vous restera 4 300 $ de moins à la fin, en raison des retraits faits au début de la séquence. Sachant cela, vous pourriez vouloir faire preuve de souplesse dans vos décaissements pour minimiser les retraits désavantageux.

3. L’impôt et l’ordre des retraits

Les revenus de retraite ne sont pas imposés de la même façon. Par exemple, les retraits d’un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) ne sont pas imposables, mais ceux des régimes enregistrés (comme votre régime enregistré d’épargne-retraite, ou REER) le sont. Et dans un compte non enregistré, les gains en capital, dividendes et intérêts sont imposés différemment. 

Conséquemment, une première stratégie d’optimisation (scénario 1, ci-dessous), consiste à puiser dans les comptes non enregistrés, puis dans les comptes enregistrés et enfin dans le CELI, ce qui préserve aussi longtemps que possible les placements qui prospèrent à l’abri de l’impôt. Vous risquez cependant de voir votre impôt augmenter lorsque vous retirerez exclusivement vos placements enregistrés. Autre risque : si votre REER demeure élevé à 71 ans, alors que vous devrez le convertir et faire des retraits obligatoires, des retraits élevés entraîneront des impôts également élevés.

L'ordre des décaissements

Une autre stratégie (scénario 2), consiste à retirer chaque année de tous vos types de comptes, ce qui répartit l’impôt dans le temps. En outre, cela permet d’utiliser au besoin des retraits CELI – non imposables – pour éviter de vous retrouver dans une tranche d’imposition supérieure ou de perdre votre pension de la Sécurité de la vieillesse (voir le critère 5).

L’attrait de chaque méthode dépend de votre situation. 

4. Les prestations gouvernementales

À partir de 65 ans, vous serez admissible à la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) et, si vous avez travaillé, au régime de pensions du Canada (RPC), ou au régime de rentes du Québec (RRQ). Dans tous les cas, plus vous tarderez à faire vos demandes, plus vos prestations seront élevées. Ainsi, votre PSV sera majorée de 36 % si vous attendez l’âge de 70 ans pour faire votre demande. Dans le cas du RPC et du RRQ, vous pouvez devancer votre demande (ce qui est permis dès l’âge de 60 ans), mais alors votre revenu sera réduit. À l’inverse, il sera bonifié si vous patientez : par exemple, votre rente mensuelle du RPC pourrait être 42 % plus élevée si vous la demandez à 70 ans plutôt qu’à 65 ans. À première vue, il semble avantageux d’attendre. Cependant, il faut aussi calculer le moment où la rente bonifiée compensera toutes les années de revenu non perçu. Votre conseiller peut vous aider à faire une estimation en fonction de votre situation personnelle.

5. Le seuil de récupération

La Sécurité de la vieillesse comporte un « seuil de récupération » qui, en 2025, est de 93 454 $. 

Chaque dollar de revenu imposable excédant ce seuil réduira votre PSV de 15 %. À partir de 151 778 $ (157 490 $ si vous avez 75 ans ou plus), elle sera totalement récupérée. Si vous souhaitez conserver votre PSV, votre stratégie devra donc tenir compte de ce seuil.

6. Le fractionnement des revenus

Le fractionnement des revenus de pension permet à une personne dont les revenus sont beaucoup plus élevés que ceux de son conjoint d’en attribuer une partie à ce dernier pour diminuer les impôts combinés du couple. Votre stratégie pourrait aussi tenir compte de cette disposition. À noter qu’un REER de conjoint peut également être utilisé à cette fin.

7. La stratégie de placement 

Enfin, on croit souvent qu’il faut adopter une approche de placement très prudente à la retraite. Or, celle-ci peut durer de 30 à 35 ans, un horizon compatible avec un portefeuille plus équilibré. Par exemple, si l’on retire 4 % par année à partir de 65 ans, un portefeuille prudent composé uniquement de titres à revenu fixe pourrait s’épuiser vers 85 ans, alors qu’avec 30 % d’actions, il pourrait durer au-delà de 95 ans. Trouver le juste équilibre entre risque de marché et risque de longévité pourrait donc être important.

Comme on peut le voir, une stratégie de décaissement recouvre plusieurs aspects. Mais un accompagnement professionnel vous permettra de la mettre en place aisément et de réaliser les projets auxquels vous rêvez depuis si longtemps.